Qu'ils aient fait une
carrière éclair ou qu'ils aient oeuvré pendant plusieurs mandats
pour leur village, tous ont
laissé leur nom sur les tablettes de la commune.
Si le beau village de Folembray a eu les honneurs de la monarchie avec les visites de François 1• et de Henri IV, il n'en a pas moins suivi, ensuite, le mouvement révolutionnaire. Ainsi, il a appliqué le décret de la jeune Assemblée Nationale, qui a créé les communes et par conséquent les maires.
Le 7 février 1790, à l'issue de la messe, les premières élections ont lieu à l'église.M. Tronsson recueille tous les suffrages et est le premier à s'asseoir dans le fauteuil magistral. Son premier et principal acte est d'organiser la Garde Nationale. Le premier maire de Folembray ne restera pas longtemps en place : il démissionne le 3 novembre 1791 et passe le flambeau à M. Demory. Celui-ci s'est-il contenté de porter son titre ou a- t-il été à l'origine de réalisations que l'histoire a oubliées ? Difficile à dire, toujours est-il qu'il n'en reste pas de trace écrite dans les documents d'époque. M. Maréchal succède à M. Demory. Il jure fidélité à la nation, à la loi et au roi. Avec le procureur de la commune, J-B. Delabarre, ils mettent en séquestre, chez le citoyen Delahègue, tous les ferrements qui servaient à la monture des deux cloches, dans le but de les récupérer pour la commune. Le 7 Frimaire (27 novembre), un brigadier dénommé Cinet et ses sbires (hommes de mains) brisent les tabernacles, mutilent les statues et brûlent l'ensemble au milieu du village. Cinet fait dresser un procès verbal de « cette belle journée » à l'intention de M. Maréchal, qui a laissé faire. Ayant également congédié le curé, Maréchal est contraint par les Folembraysiens de trouver un prêtre pour les fêtes pascales. Triste sire que ce maire !
L'église est reconstruite
En 1800, c'est au tour de François-Marie Pipelet de Montizeaux, avocat au parlement, conseiller et directeur de la Verrerie, d'être élu maire. Marié à Emilie Tronsson, fille du premier maire, il a été élu, en 1791, accusateur public près le tribunal du district de Chauny séant à Coucy.M. Pipelet s'est très certainement avant tout consacré à son activité professionnelle puis-que, ni dans les archives de la commune ni dans celles du Département, on ne trouve de trace de réalisations effectuées entre 1800 et son décès, le 1" mai 1805. De la même façon, ni Jean Carlier, élu en 1805, ni Joseph Champenois, élu en 1808, n'ont laissé un souvenir impérissable. En 1817, Charles-François-Ferdinand de Poilly, ancien maire de Leuilly s'installe à la mairie. Chevalier de Saint-Louis, officier de la Légion d'Honneur, membre du Conseil Général pour le canton de Coucy, il se fait remarquer pour son altruisme. Marié avec Marie-Julie Pipelet de Montizeaux, héritière de la Verrerie, il fait réparer à ses frais la toiture de l'église tombée en ruines, ce qui hélas ne suffit pas. En effet, dans la nuit du 14 au 15 janvier 1818, un des piliers soutenant la voûte s'écroule et pendant deux ans, l'édifice reste ouvert à tous les vents. Les habitants de la commune reprocheront à la municipalité de n'avoir pris aucune mesure, d'autant qu'il aurait suffi d'étayer pour éviter l'effondrement. Si M. De Poilly n'a pas su l'empêcher, l'Histoire retiendra tout de même que c'est pendant son « règne », en 1824, que l'église a été reconstruite (la dépense est de 20.139 F).
Une école pour les filles
M. De Poilly, que ses relations et ses affaires éloignent souvent de Folembray, donne sa démission en 1826. Il est remplacé par M. Louis-François-Xavier de l'Age, directeur de la Verrerie Royale. C'est à lui qu'on doit l'annexion des hameaux du pré Houez et du Bois-de-Midi, confirmée par une ordonnance royale du 7 mai 1828, ainsi que l'établissement d'un marché hebdomadaire. En février 1843, est établi un plan de traversée de la commune par la route Royale (rue Bernard Lefèvre et Robert Maillard qui est de 12 m 30 de largeur). En mai 1843, c'est le classement des chemins vicinaux et le 31 mars 1844 la construction du nouveau cimetière en remplacement de celui qui existait autour de l'église. On lui doit aussi la sonnerie des entrées et sorties d'écoles, le dallage de la halle publique et la construction d'une salle d'asile. M. De l'Age meurt le 7 novembre 1847 et il est remplacé par M. De Poilly, le même qui a déjà été élu en 1817. Entre cette seconde élection et sa mort, il constitue un corps de garde, s'occupe de l'entretien des couvertures des bâtiments communaux, nomme un garde champêtre, crée une école de filles et fait acheter une pompe à incendie.
Couvertures en chaume
Autrefois les immeubles affectés soit aux habitations soit aux communs (granges et écuries) étaient généralement couverts en chaume ; c'est à dire en longue paille de blé. Les différences de température extérieure se faisaient moins sentir à l'intérieur, mais un grave inconvénient, le danger d'incendie, rendait cette situation inquiétante. A la suite de différents sinistres, la municipalité profitait de l'étude du plan de traversée, dans la commune de Folembray, de la route royale N°37 (rue Bernard Lefèvre et rue Marcel Maillard) et des alignements à observer, pour prendre la décision suivante, datée de Février 1843. "Considérant que depuis le 10 octobre 1841, huit incendies et deux tentatives sont venus porter la désolation et l'effroi dans la commune, il convient de faire disparaître d'urgence les couvertures en chaume en les remplaçant par de l'ardoise...etc" Ces sages prescriptions furent lentes à être partout observées. Trente années durent s'écouler avant de voir disparaître la drenière couverture en chaume.
Henri Charles Georges de Poilly | Le Comte de Brigode de Kemland à occupé
pendant 52 ans le fauteuil magistral |
Travaux à la Verrerie
C'est son fils Henri-Charles-Georges de Poilly né au château de Folembray prend, en 1848, la succession de son père. Il est également actif et dote la commune d'un presbytère le 6 janvier 1850, fait l'acquisisition d'un drapeau, décide de construire le premier Hôtel de ville, crée le parc de Folembray, une taxe municipale sur les chiens ainsi qu'une cité entière, celle des « maisons neuves » (toujours appelées ainsi). Le 17 février 1853, il jure obéissance à la constitution et fidélité à l'empereur Napoléon III et le 30 avril 1861, il établit un projet pour le passage du chemin de fer. Henri de Poilly, qui a servi la France comme attaché à diverses ambassades, a été nommé Chevalier de la Légion d'Honneur par l'empereur. Aussi généreux que son père, il verse 500 F au bureau de bienfaisance de la commune. Le 6 novembre 1862, il est remplacé par M. Benjamin Labarde, officier du Lion Rouge et du Soleil de Perse, Chevalier de la Légion d'Honneur, membre du Conseil de la Seine inférieure. Il décidera, avec son conseil, de créer des bordures de trottoir et caniveaux pavés et de meubler la salle de la mairie. Le 28 décembre de la même année, d'autres décisions importantes pour la commune sont prises : établissement d'une médecine gratuite, agrandissement du cimetière communal, remise en état de la route impériale. En 1864, il fait faire de gros travaux à la Verrerie. Il crée notamment le laboratoire pour l'étude des compositions et la ligne de chemin de fer qui conduira les sables dans les caves d'attente.
Conduite exemplaire
Le 28 juin 1871, il crée, pour le maintien de l'ordre à Folembray, une chambre de sûreté et construit l'école des filles. On lui doit également les primes d'assiduité, d'association, de fabrication et les indemnités maladie ; l'installation d'un médecin attaché à l'usine ; la création de dortoirs à la Verrerie pour les enfants devant travailler la nuit et une école pour ceux ne pouvant fréquenter celle du village. Les cercueils étaient portés à bras et ce n'est qu'en 1898 la commune fut dotée d'un corbillard. Autre figure historique : celle du comte Gaston de Brigode de Kemland. Elu à la majorité absolue le 20 janvier 1878, il restera en place jusqu'en 1925. Tenant de sa mère la Verrerie de Folembray, il consacre sa vie à son industrie et aux oeuvres sociales qui en dérivent : les retraites ouvrières fonctionnent et, bénévolement, la Verrerie assure à ses ouvriers une retraite complémentaire. Les associations mutuelles viennent encore ajouter leurs bienfaits sous le nom de : Union des familles, fondée en 1906. Amicale ouvrière des Verreries de Folembray, fondée en 1929.
Ce qui ne l'empêche pas d'apporter sa pierre à l'édifice communal pendant ses cinquante-deux années de fonction. Ainsi, il crée un poste télégraphique, réorganise la subdivision des sapeurs-pompiers, forte de trente hommes, et fait installer l'éclairage public par réverbères. Il est aussi à l'origine de la construction d'un tramway de Vic-sur-Aisne à Chauny avec embranchement à Folembray (voir carte des voie ferées d'autrefois), réorganise la police municipale le 29 avril 1919 et prend un décret stipulant que les voitures ne devront pas dépasser les 20 km/h dans la traversée de l'agglomération (10 km/h pour les camions) ! Il aura une conduite exemplaire et courageuse pendant la guerre et l'occupation, ce qui lui vaut de recevoir, au mois de mai 1919, la Croix de guerre des mains du Maréchal Pétain.
L'éclairage public
Le 22 Février 1883, la commune décidait l'éclairage des rues au moyen de lampes à réflecteur, alimentées par des huiles minérales. 24 appareils, placés sur un poteaux munis de poulies, étaient installés sur le territoire communal et fonctionnèrent à partir du 1er Janvier 1884. La dépense occasionnée par cette amélioration se montait à 3058 francs 25.
Quand l'éclairage électrique fut mis à la portée de tous, le 14 Février 1912, le Conseil Municipal se réunissait pour examiner la demande en concession de l'éclairage et de subvention déposée par MM. Maze et Jourdain, fondateurs de la société Électrique de la Vallée de L'oise. La durée de cette concession était de 40 années, avec privilège pendant 25 ans. D'autre part, la commune devait accorder une subvention de 0 FR 30 centimes par tête d'habitant, et de la fourniture du courant était fixée à 0 FR 80 centimes le Kilowattheure. Toutefois, un rabais de 30% était prévu au profit de la commune pour les usages publics du courant électrique. Ce cahier des charges fut approuvé le 15 Juin 1912, et un crédit de 548 francs 40 centimes voté pour la subvention annuelle, à raison de 0 FR 30 centimes par habitant à desservir pendant 10 ans.
Entre la fin de la première guerre et aujourd'hui, neuf maires se sont succédés. De grandes décisions en petites mesures, chacun a oeuvré, à sa manière, pour le développement de la commune.
Le 14 mai 1925 la guerre est finie et la commune prend un nouveau départ avec l'élection, à la majorité absolue, de M. Jules Navarre. La page n'est toutefois pas entièrement tournée puisque l'une des premières décisions du conseil concerne l'édification d'un monument aux morts.M. Navarre et son équipe décideront également d'attribuer une subvention à la fanfare « l'Amicale de Folembray », de réouvrir le marché simple hebdomadaire, de faire l'acquisition d'un corbillard et d'instaurer une taxe sur les billards publics et privés, ainsi qu'une autre sur les chevaux, mules, mulets et voitures.
En 1928, la municipalité décidait de doter la commune d'un service public des eaux et sollicitait l'appui financier de l'état. La source, captée au Mont de Guny, se trouve à une altitude suffisante pour permettre d'alimenter un premier étage dans la partie centrale du village, c'est à dire la plus élevée. Les travaux, terminés en octobre 1929, furent exécutés sous la direction de M. Cluzelaud, père, ingénieur des Ponts et Chaussées à Soissons.